Arrêtez de dire « Prof » !
On utilise et on voit souvent le mot « Prof » sans se soucier de son impact néfaste et pernicieux. Employé dans des phrases comme « Encore une grève des profs », « Absentéisme des profs », « Bas niveau des profs », ou autres « *mettre un mot négatif ici* des profs ».
Par ailleurs, nous-mêmes, personnels de l’Éducation nationale, utilisons ce mot : « salle des profs », « réunion parents-profs », etc. Je dois vous avouer que même moi j’ai parfois du mal à supprimer cette très mauvaise habitude…
Posez-vous une simple question :
Connaissez-vous un ou plusieurs autres métiers dont on a raccourci sa dénomination et dont le raccourci est utilisé normalement dans la vie courante et notamment par les hommes et femmes politiques et les médias ?
Oui, il y en a un : « Instit »… Mais ça ne compte pas, ce sont aussi des enseignant·e·s…
Cherchez bien ! Il n’y en a pas… En posant cette question autour de moi, on m’a tout de même fait des propositions. On m’a parlé une fois des infirmier·ère·s, que l’on raccourcit en « infi » ou les kinésithérapeutes en « kiné » ou encore les psychologues/psychiatres en « psy »…
Mais sincèrement, avez-vous très souvent vu les bandeaux des chaînes d’informations titrés « Colère des infis » ? Ou encore « Pandémie : consultations en hausse chez les psys » ?
Non.
Tout simplement parce que l’on ne réduit pas la dénomination d’un métier que l’on respecte. J’y vais un peu fort, mais c’est une réalité. A force d’habituer notre inconscient à cette réduction à travers des discours politiques, des bandeaux médiatiques, des discussions anodines, etc. Ce métier n’est plus pris au sérieux, et de surcroît n’est plus respecté.
« En amputant ainsi le nom de leur profession, on contribue inconsciemment à la dévalorisation » note Helena Perroud, membre du conseil scientifique de VersLeHaut et ancienne conseillère Education à l’Elysée, qui a travaillé pour le ministère de l’Education Nationale. « Il faudrait systématiquement reprendre ceux qui utilisent ce terme de « prof » pour reconnaître davantage la dignité de ce métier. »
Imaginez demain, une crise sans précédent dans le monde de l’architecture avec des architectes en colère. Si les journaux titraient « Archi, un métier dans l’impasse ? ». Comment réagiriez-vous ? Probablement surpris en vous disant « Archi, pour architecte sûrement » parce que vous n’avez pas l’habitude de voir un tel raccourci… Sans parler de la colère des architectes en lisant ça…
Mais pour les « profs », ça n’est pas grave. On s’y est fait. Et c’est ce qui est tristement nuisible…
Il n’y a pas de « profs », il n’y a que des professeur·e·s ou enseignant·e·s !
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🎰Le générateur "*mettre un mot négatif ici* des profs" va enfin te permettre de savoir de quoi sont responsables les professeur·e·s !🎰